Hitchhikers, Auto-stoppeurs, passagers clandestins, tous ces noms pour désigner les surprises qu'on peut avoir dans un aquarium récifal lors de sa mise en route et bien après.
Bonnes ou mauvaises surprises, elles ont toutes un lien : les pierres vivantes.
Dans les jours qui suivent leur introduction dans l'aquarium lors de la phase de démarrage, et même après quelques mois, voire plusieurs années, on tombe sur une foultitude de végétaux et animaux qui semblent parfois bien familiers, ou qui ont au contraire l'air de véritables alliens, parfois horriblement repoussants mais toujours fantastiques à découvrir et à observer.
Ces "clandestins" involontaires ont été récoltés avec leur support, leur lieu de vie, une partie de leur petit monde, puis expédiés jusque chez nous par avion pendant une trentaine d'heures avant de se retrouver plongés dans un monde nouveau, artificiel.
Face à ses proches perplexes, l'aquariophile passera des heures devant un aquarium apparemment "vide" puisqu'en démarrage et venant seulement de recevoir ses pierres vivantes. De jour comme de nuit, muni d'une loupiote, il y restera posté pour surprendre ses nouveaux copains dans leurs propres découverte de leur nouvel environnement.
A partir de ce moment on passe par plusieurs phases :
- L'émerveillement : chouette plein de copains!
- La curiosité : que sont mes petits auto-stoppeurs?
- Et enfin le doute, qui dérive trop souvent vers la paranoïa : mes clandestins font-ils partie de ce groupe horrible dont tout le monde parle tout le temps et que l'on nomme "les indésirables"?
vraiment toujours aussi néfaste que le prétend la "légende"?
Pas sûr...Que de massacres inutiles
Moi qui était nul en philo...pfff
Bon, alors pour commencer il y a plusieurs raisons qui nous poussent à observer nos nouveaux amis d'un regard méfiant.
Tout d'abord il y a bien-sûr la peur naturelle et instinctive de l'inconnu (dans le doute prend garde à ce que tu ne connais pas*).
Dans ce sens également on aurais aussi tendance plus ou moins consciemment à rejeter ce à quoi on ne peut s'identifier, ce qui ne nous ressemble pas. La peur de l'inconnu donc que l'on peut illustrer avec l'exemple de l'araignée qui effraie tant de personnes (hommes et femmes confondus, faut arrêter les clichés un peu^^).
Mais pour beaucoup d'animaux qui nous font souvent frémir, c'est à nouveau une réaction instinctive qui entre en jeu : l'attachement à la vie et par extension le rejet de la mort et de tout ce qui s'y rattache.
Ainsi beaucoup sont effrayés, dégoutés, révulsés à la simple vue de tout ce qui est plus ou moins rampant, "gluant", nécrophage/charognard, de tout ce qui peu grouiller dans une souche morte ou un cadavre. Bref tout ce qui se rattache de près ou de loin à la mort.
Bon puis il y a aussi les histoires religieuses avec des êtres impurs, indignes de confiance, etc... mais d'une part si je me lance là-dedans on y sera encore dans 3 semaines, et en plus toutes ces histoires ne font que découler de nos peurs instinctives depuis la nuit des temps alors on ne va pas ré-écrire une bible sur ce sujet).
Tout ça pour dire que l'on va appréhender les découvertes sorties de nos pierres vivantes avec un regard humain plein d'aprioris, et donc de manière peu objective qui risque de nous induire en erreur sur la nature réelle de ces animaux.
(De même, ce n'est pas parcequ'une ptite crevette est toute jolie et toute mimi qu'elle est inoffensive. Je pense particulièrement à Thor amboinensis qui peut être une véritable peste...).
Heureusement la plupart des aquariophiles ont cette passion parce-qu'ils aiment la nature, donc la connaissent un minimum. Connaissances qui constituent un premier pas vers le dépassement des peurs instinctives et des aprioris.
Mais ça n'empêche pas la paranoïa et envies poussées d'extermination chez certains...
découvre dans l'aquarium de part son aspect et ce qu'il peut nous
évoquer, mais il s'agit en fait d'un membre de la famille des chitons :
de paisibles détritivores.
Le but (au départ) de l'aquariophilie marine récifale est de maintenir à terme une population choisie de coraux, poissons, crustacés, gastéropodes et autres bidules en tout genre, de manière à ce que tout le monde vive dans l'ordre parfait, la plus grande harmonie, le paradis sur terre (mais qui serait dans l'eau ).
Une situation en somme au moins aussi naturelle que ces beaux jardins où l'herbe est coupée au millimètre près, où chaque plante est plantée dans une géométrie parfaite et taillée au micro-ciseaux pour qu'aucune vilaine branche disgracieuse ne dépasse. Un milieu contrôlé quoi.
C'est bien là, qu'est le problème : le propre des clandestins est qu'on ne contrôle pas qui passe ou non.
Et là, c'est le drame!
L'indésirable le devient donc parce-qu'il viens fragiliser l'ordre qu'on s'efforce d'établir.
Soit ils ont une trop forte capacité d'adaptation dans nos bacs, y trouvant toutes les conditions nécessaires pour s'y développer massivement, et deviennent invasifs aux dépends d'autres espèces "désirées". Soit leur comportement et habitudes alimentaires, le plus souvent prédatrices ou parasite, risquent de nuire aux animaux que l'on aura mis tant de temps, de soins et d'argent pour obtenir.
Ils viennent alors s'ajouter à la longue liste des indésirables en aquarium marin récifal.
attaques urticantes sur les coraux et autres
habitants du récif artificiel.
Les crabes sont souvent jugés avec anticipation (à tort ou à raison)
et condamnés pour soupçons d'attaques sur d'autres animaux.
La question est donc de savoir si l'on a le droit de retirer ces vies dans ces conditions?
Il revient à tout un chacun de se le demander, et de réfléchir aux alternatives possibles avant de prendre la décision qui s'impose.
Mise en place d'un refuge, création d'un petit aquarium indépendant pour indésirables, en parler à ses contacts aquariophiles pour tenter de les placer dans une cuve où ils ne gêneront personne, etc...
Et en dernière option on devra faire face à l'extermination des-dits indésirables.
Là, selon leur nature et le degré d'invasion, on pourra faire appel à une lutte manuelle, biologique ou chimique.
La première solution est à privilégier tant qu'elle est possible car la lutte biologique, faisant appel à un prédateur naturel de l'indésirable ciblé, doit se faire de manière très réfléchie pour que ce prédateur soit adapté aux caractéristiques de l'aquarium, au reste de la population, et sa vie doit être assurée dans de bonnes conditions même après l'éradication de ses proies.
Quant à la lutte chimique il est évident qu'elle n'est pas sans risque pour le reste de la population de l'aquarium.
Dans tous les cas il est nécessaire de bien se renseigner sur l'indésirable et les moyens de lutte possibles ainsi que leurs conséquences.
Outre les indésirables le reste des passagers clandestins ne posent aucun problème puisqu'ils sont donc au moins sans incidence, positive ou négative, et voire même très utiles pour la vie et la bonne santé de la vie récifale captive.
Une véritable loterie en somme
très efficaces dans un aquarium.
Les copépodes (ci-dessus) comme les isopodes (ci-dessous)
sont presque toujours présents sur les pierres vivantes et
apportent une large contribution à la dégradation des déchets
dans l'aquarium et grâce à leur reproduction massive fournissent
un complément nutritif de qualité à nos pensionnaires à écailles.